Éducation aux images : que préconise le rapport Geffray ?

Une séance des Rencontres de l’Éducation aux images ouverte au public scolaire, au cinéma Véo de Castelnaudary, novembre 2024 © Christina Perez - Archipel des lucioles

Commandé par les ministres de l’Éducation nationale et de la Culture pour moderniser les dispositifs de « Ma Classe au cinéma », le rapport de M. Edouard Geffray, très ambitieux, a été rendu public ce lundi 8 septembre.

On sait combien les dispositifs d’éducation au cinéma sont fragilisés… et combien ce rapport était attendu. Alors que le vote de confiance – ou pas – au gouvernement aura lieu cet après-midi, les ministres ayant confié la mission à Edouard Geffray, conseiller d’État et ancien directeur général de l’enseignement scolaire, décident donc de publier aujourd’hui ses propositions pour « offrir à chaque élève une éducation au cinéma et à l’image de qualité ».

Ces préconisations « visent à pérenniser et à développer “Ma Classe au cinéma”, en facilitant l’accès des enseignants à la formation, en associant pleinement l’ensemble des acteurs au pilotage du dispositif, et en renforçant l’engagement de chacun ». Plus nouveau, et première des propositions, Edouard Geffray préconise d’adosser l’éducation au cinéma et à l’image aux programmes scolaires et de créer un diplôme interuniversitaire dédié à cet enseignement. Il propose aussi des solutions pour un meilleur financement, et prend en compte plusieurs propositions émanant des exploitants.

Élisabeth Borne et Rachida Dati se disent pleinement attachées à la poursuite des dispositifs, « c’est pourquoi les ministères concernés et le CNC, qui partagent les objectifs exposés dans le rapport, seront mobilisés dans la mise en œuvre des actions qui permettront de les atteindre ». En attendant de savoir qui, au gouvernement, sera en charge de les appliquer, nul ne pourra ignorer l’importance de ces propositions, qui, pour rappel vont être largement débattues lors du prochain Congrès de la FNCF à Deauville. 

Le résumé des 19 propositions :

  1. Adosser l’éducation au cinéma et à l’image aux programmes d’enseignement, notamment au collège, pour étendre autant que possible la fréquentation des œuvres cinématographiques. Délai d’application : rentrée 2026.
  2. Préserver autant que possible les formations Ma classe au cinéma des nouvelles règles de formation hors temps scolaire (RCD) sous réserve des formations sur petites vacances pour lesquelles les professeurs sont indemnisés, et de minimiser autant que possible les effets sur le temps d’enseignement. Application : rentrée 2025.
  3. Créer un diplôme interuniversitaire d’éducation au cinéma ouvert aux professeurs et autres personnels de l’éducation nationale intéressés, mais aussi à toute autre personne (exploitants, personnels des collectivités territoriales…). Démarrage possible des formations à l’automne 2025 ou rentrée 2026, pour un coût de l’ordre de 350 000 € pour 1 000 personnels.
  4. Diversifier les modalités pratiques de formation pour Ma classe au cinéma et renforcer les liens des coordinations territoriales en la matière.
  5. Encourager et accompagner la mutualisation des formations au niveau territorial.
  6. Donner de premières clés d’éducation à l’image en formation initiale. Applicable à la rentrée 2026.
  7. Sécuriser financièrement les coordinations territoriales, notamment à travers un fonds d’appui du CNC, estimé entre 150 000 à 200 000 €, pour les coordinations porteuses de projets de transformation. Lancement de l’appel à projets en juin 2026 et financement et lancement des projets pour septembre 2026.
  8. Sécuriser le financement de la billetterie en priorisant 30 % ou 40 % de la part collective du pass Culture sur les offres culturelles à tarif négocié. Mise en œuvre à la rentrée 2025.
  9. Soutenir le développement des circuits itinérants dans les “zones blanches” du cinéma à travers une labellisation par la Drac de salles qui deviendraient le centre de projection de leur secteur. Élaboration via un appel à projets du CNC lancé à l’été 2025.
  10. Valoriser Ma classe au cinéma en créant un label affiché à l’entrée de chaque école ou établissement participant et faisant état des partenaires. Un kit de communication personnalisable à échelle départementale serait créé par le CNC. Applicable à la rentrée 2025.
  11. Créer un statut de professeur ami du cinéma pour les professeurs impliqués dans le dispositif. Statut délivré via une carte du CNC qui pourrait donner droit à des invitations à des avant-premières ou des rencontres avec des professionnels du cinéma. Applicable à la rentrée 2025.
  12. Et si Ma classe au cinéma vivait au-delà de la classe ? Permettre ainsi aux élèves qui n’auraient pu assister à l’une des trois séances, de conserver le bénéfice de leur place au tarif du dispositif pour aller à une séance publique d’un cinéma partenaire. Aucun coût supplémentaire pour un film manqué car déjà budgété. 
  13. Encourager les dispositifs scolaires complémentaires de Ma classe au cinéma, comme les ciné-clubs au collège et au lycée, les concours et les prix (type Renoir ou Écris ta série).
  14. Assurer l’association effective des collectivités territoriales au pilotage local de Ma classe au cinéma.
  15. Offrir, si possible, plus de marge de choix aux professeurs engagés dans Ma classe au cinéma, avec notamment la libre sélection du 3e film parmi une liste pré-établie.
  16. Autoriser et favoriser la création de conservatoires municipaux et départementaux de cinéma. Nécessité de modifier le décret en conseil d’État rapidement pour pouvoir instaurer cette mesure à la rentrée 2026.
  17. Consolider et augmenter le nombre de classes à horaires aménagés cinéma (CHAC), visant notamment une classe par région d’ici la rentrée 2026.
  18. Renforcer la formation des futurs scénaristes et professionnels du cinéma, en ajustant le programme de la spécialité cinéma en 1re et Terminale et renforçant la place de l’écriture scénaristique.
  19. Créer un musée du cinéma, associant professionnels, chercheurs et pouvoirs publics, pour servir de pôle de ressources et de réflexion opérationnelle sur les évolutions futures du cinéma.
Une séance des Rencontres de l’Éducation aux images ouverte au public scolaire, au cinéma Véo de Castelnaudary, novembre 2024 © Christina Perez - Archipel des lucioles

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