La table ronde de ce mardi 23 septembre a mis en évidence un consensus autour du rapport de M. Édouard Geffray et ses pistes pour relancer Ma classe au cinéma… mais l’enjeu reste budgétaire.
Une 20e proposition, pour un pas hors du cadre scolaire
Tous les intervenants* étaient unanimes pour saluer le rapport de M. Édouard Geffray, qui a profité de cette tribune pour ajouter une proposition “bonus” aux 19 déjà présentes dans le texte, notamment celle qui vise à « prolonger Ma classe au cinéma au-delà de la classe ». Ainsi, le haut fonctionnaire a suggéré aux professionnels du secteur cinématographique d’organiser une opération événementielle de quelques jours, juste avant la Fête du Cinéma. « période à laquelle de nombreux élèves, collèges et lycées, n’ont plus cours, soit un réservoir de 5 millions de jeunes ». À travers un partenariat avec des réseaux sociaux et des opérateurs de téléphonie mobile, les jeunes de moins de 18 ans recevraient un message reprenant le nom de l’opération : « Et si tu changeais d’écran ? » Pour Édouard Geffray, « il ne s’agit plus uniquement d’un dispositif scolaire, car les jeunes viennent en salles par plaisir, et à plusieurs ; la dimension prescriptrice et d’ouverture devient alors phénoménale ». Cette opération serait assortie d’un tarif préférentiel, et permettrait, comme le souligne Aurélie Delage, de « lancer parfaitement la Fête du Cinéma ».
En outre, les dispositifs nationaux doivent être mieux valorisés auprès des élèves et leurs parents. « Sachant que 45 % de la population est en contact quotidien avec un établissement scolaire – les 20 millions d’élèves et les parents/grands-parents venant les chercher –, pourquoi ce dernier, tout comme les cinémas, n’afficheraient-ils pas qu’ils participent à Ma classe au cinéma ? », suggère l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire. « Car il ne s’agit pas uniquement de signaler la participation, mais de visibiliser l’engagement de la Région, du Département et de la commune. »
Le nerf de la guerre : les financements
L’ensemble des panélistes est conscient que la sauvegarde de Ma classe au cinéma va, avant tout, passer par celle des budgets des collectivités territoriales. Un combat que les sénatrices Catherine Morin-Desailly (par ailleurs présidente Culture de la Région Normandie), et Sylvie Robert (vice-présidente du Sénat) continueront à mener, assumant que « ces types de choix politiques relèvent de choix idéologiques ».
Le président du CNC Gaëtan Bruel plaide, de son côté, pour un État « exemplaire », qui maintienne le financement des dispositifs. Notamment grâce à la mise en place d’un mécanisme de financement CNC pour neutraliser la baisse des crédits des Drac consacrés à l’éducation à l’image. « Ainsi, si le ministère de la Culture voit son budget baisser, nous ferons en sorte, car c’est l’intérêt de la filière, que l’État soit au rendez-vous de ses engagements sur l’éducation au cinéma ». Gaëtan Bruel souhaite aussi la reconduction des conventions État-Régions pour 2026-2028 en mettant l’accent sur la diffusion, premier chantier à mener avec les collectivités. Un cadre de “partenariat renforcé” avec les Régions qui ne se désengagent pas, leur permettra de bénéficier, notamment pour leurs actions autour des pratiques des images, d’un niveau de cofinancement qui pourrait passer de 1 € pour 1 € à 2 € pour 1 €, voire 3 € pour 1 €. Une attention aussi forte sera bien entendu portée aux Départements, avec une vraie reconnaissance de leur rôle de coordination.
Et pour les salles, le président du CNC garde l’objectif de « remonter à 200 millions d’entrées annuelles », ce qui ne pourra reposer sur l’unique retour de l’offre de films. « L’éducation est un sujet clé pour l’ensemble de la filière. 15 % des élèves qui participent aux dispositifs représentent 2 millions d’entrées ; si nous parvenons dans les prochaines années à mobiliser les financements, rien que Ma classe au cinéma peut apporter 10 millions d’entrées supplémentaires. Je sais que l’on peut y arriver, et vous pouvez compter sur la grande détermination de toutes les équipes du CNC ! »
* La table ronde « Éducation au cinéma à l’occasion de la présentation du rapport Geffray » rassemblait
Laurence Tison-Vuillaume, présidente de la SAS pass Culture
Catherine Morin-Desailly, sénatrice de la Seine-Maritime (et par ailleurs présidente Culture de la Région Normandie)
Édouard Geffray, haut fonctionnaire et auteur du rapport « Offrir une éducation au cinéma et à l’image de qualité »
Gaëtan Bruel, président du CNC
Aurélie Delage, présidente de la commission éducation à l’image de la FNCF
Sylvie Robert, sénatrice d’Ille-et-Vilaine et vice-présidente du Sénat
Renaud Ferreira De Oliveira, inspecteur général de l’Éducation


Partager cet article