Face aux cinémas qui, le matin même, dressaient le constat sans détour de la crise de fréquentation et du péril économique pesant sur nombre d’entre eux, Gaëtan Bruel et son équipe présentent des mesures immédiates, « concrètes et efficaces, simples et ciblées ».
Une cellule d’urgence
« Nous avons pris la mesure de la situation et allons agir », assure le président du CNC. Pour répondre aux besoins des situations les plus critiques, le Centre a mis en place une cellule d’urgence – déjà à l’œuvre –, qui analysera chaque cas de manière approfondie, mais réactive, s’engageant à trouver des solutions adaptées en « quelques jours maximum ». Les « leviers à actionner » ne seront pas forcément du côté du CNC, mais parfois du côté de partenaires comme l’Ifcic, les établissements bancaires ou les communes. « Je nous donne collectivement une obligation de résultat et j’interviendrai personnellement », assure Gaëtan Bruel, qui échange déjà avec l’Association des Maires de France afin de sensibiliser la prochaine génération d’élus sur la place de l’exploitation dans les territoires.
Des avances exceptionnelles dès cet automne
Parallèlement, les avances sur soutien automatique pourront désormais aller jusqu’à trois années, « quel que soit le niveau de remboursement de la précédente avance ». Cette mesure, ciblée sur la petite et moyenne exploitation, a été inscrite à l’ordre du jour du conseil d’administration du CNC du 29 septembre, et le formulaire en ligne sera disponible dès le lendemain, 30 septembre, en attendant la tenue, dans les plus brefs délais, de la commission d’attribution dédiée.
À l’ordre du jour du prochain CA du CNC figure également l’élargissement des dépenses éligibles au fond de soutien automatique à tous les types de formations, et non plus à certains thèmes particuliers. En outre, le président « retient » la suggestion de la Fédération de proposer une formation… aux aides du CNC.
Réforme art et essai : ajustements à venir
Message également entendu sur la réforme art et essai. Et si, parmi les « choses à corriger », Gaëtan Bruel acte déjà la fin du système de notation, qui a suscité polémiques et incompréhensions, le reste sera évalué au sein de la commission de suivi, avec le souci d’atténuer à l’avenir les grandes variations de subventions comme celles qui ont pu être observées lors des derniers résultats [voir ci-dessous].
Quant à la commission d’appel qui doit, cette année, évaluer 180 dossiers (au lieu de la centaine habituelle), le président du CNC attend bien entendu qu’elle « corrige les cas incontestables », sans pour autant systématiquement « changer la subvention, juste parce qu’un dossier est venu en appel ; ce ne serait pas très juste vis-à-vis de ceux qui n’ont pas fait appel ».
Un calendrier et un plan de… défense
D’ici la fin d’année, la priorité du CNC est d’apporter « une réponse immédiate aux situations les plus urgentes » des exploitants. Mais le président est également conscient des enjeux du nouveau débat parlementaire sur le budget. « Nous aurons de nouveau à expliquer et à défendre notre modèle, et nous le ferons. Il est normal qu’il soit, comme toutes les politiques publiques, particulièrement scruté à l’heure actuelle. Ce que nous comprenons un peu moins, c’est que ce modèle soit la cible récurrente d’adversaires qui vont jusqu’à demander sa disparition pure et simple ». Les attaques viennent également de l’extérieur de nos frontières, de la part d’acteurs « qui s’opposent notamment à notre chronologie des médias, une des plus belles inventions françaises », estime Gaëtan Bruel en rappelant les recours de Netflix et Amazon devant le Conseil d’État. « Soyez certains que dans notre défense, notre priorité numéro 1 sera de protéger la fenêtre de diffusion des salles… et donc aussi l’exclusivité de l’expérience que vous offrez aux spectateurs. »
En bref, les évolutions de la subvention art et essai
⅔ des cinémas classés ont vu leur subvention varier de plus de 10 % ; un tiers a connu une hausse, et l’autre tiers une baisse
20 % des cinémas classés ont vu leurs subventions varier de plus de 20 % ; les sites dont la subvention est en hausse sont en légère majorité
11 % des cinémas classés ont vu leur aide baisser de plus de 30 %, contre 14 % qui ont connu une hausse de 30 %

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