L’organisation professionnelle des cinémas européens pointe les risques de cette transaction, pour la filière comme pour le public, et en appelle aux autorités de régulation.
« Le projet de rachat de Warner Bros. par Netflix est un échec sur toute la ligne » selon l’UNIC, qui représente les exploitants de salles et leurs associations nationales dans 39 territoires européens. « Pour attirer et satisfaire un public aussi large que possible, la programmation des cinémas doit être régulière et diversifiée, avec une période d’exclusivité et un marketing efficace », rappelle l’organisation.
Or pour Laura Houlgatte, directrice générale de l’UNIC, « si elle était autorisée à se concrétiser, cette transaction représenterait un double risque. La disparition d’un studio entraînera inévitablement une réduction du nombre de films proposés aux spectateurs dans les cinémas, ce qui provoquera une baisse des revenus, d’importantes fermetures de salles et des pertes d’emplois significatives dans le secteur.
Et à bien des égards, c’est pire que le rachat d’un studio de cinéma par un autre, comme nous l’avons vu avec l’acquisition de la 20th Century Fox par Disney il y a une dizaine d’années.
Par ses paroles comme par ses actes, Netflix a maintes fois démontré son manque de confiance envers les salles de cinéma et leur modèle économique. Netflix n’a sorti qu’une poignée de films en salles, généralement dans le but de décrocher des prix, et ce, pour une durée très courte, privant ainsi les exploitants de salles d’une exclusivité équitable ».
Phil Clapp, président d’UNIC et directeur général de l’Association des cinémas du Royaume-Uni, ajoute : « Les cinémas européens, des salles indépendantes mono-écran aux multiplexes en passant par les cinémas d’art et d’essai, jouent un rôle unique au sein des communautés qu’ils desservent, en rassemblant les gens autour d’ une expérience culturelle partagée. Ce faisant, ils répondent à tous les goûts, permettant ainsi au public le plus large possible de découvrir et d’apprécier une riche variété de films. Au-delà de leur contribution directe au PIB, à la création d’emplois, aux recettes fiscales et aux loyers perçus, les cinémas créent également une valeur inestimable pour l’ensemble de l’industrie cinématographique. »
Aussi l’UNIC demande aux autorités de régulation qui évaluent le projet d’acquisition de Warner Bros par Netflix de prendre en compte les risques potentiels que représente une telle opération, pour le secteur de l’exploitation cinématographique et le public en général. L’UNIC est donc déterminée à faire tout son possible pour faire comprendre ces impacts potentiels – et sa ferme opposition à cet accord – aux autorités de la concurrence en Europe et ailleurs.


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