Partant du constat que de nombreux films de cinéastes reconnus ne sortent plus au cinéma, le cabinet Ciné Conseil a procédé à un chiffrage de l’impact de la SVOD sur la fréquentation des salles en France.
Lors de la dernière Mostra de Venise, plusieurs films de la sélection officielle – notamment A House of Dynamite de Kathryn Bigelow, Jay Kelly de Noah Baumbach et Frankenstein de Guillermo Del Toro… tous bientôt sur Netflix –, ne sortiront pas en salles. Au-delà de ces exemples, Ciné Conseil s’est livré à un recensement, « le plus exhaustif possible », des cinéastes dont les films sortaient en salles avant le Covid, et dont certaines réalisations se retrouvent depuis 2022 au sein de toutes les grandes plateformes nord-américaines (Apple+, Disney+, Netflix, Amazon Prime, Paramount, HBO Max). « Cette analyse a été mue par l’idée d’approcher, par une méthode sans doute perfectible, la perte d’entrées et donc la perte de valeur pour le secteur global de la diffusion cinématographique française, incluant donc à titre principal exploitants et éditeurs de films en France », précise le cabinet. L’analyse a été complétée par une étude du box-office moyen en France de ces cinéastes avant Covid, et une application de cette “moyenne” à chacun de leurs films sortis en SVOD.
- Ainsi, sur l’année 2022, Ciné Conseil dénombre 64 films, réalisés par autant de réalisateurs/réalisatrices, dont la moyenne box-office France avant Covid aurait représenté plus de 38 millions d’entrées dans les salles françaises.
- Sur l’année 2023, ce sont 46 cinéastes qui auraient pu totaliser, en moyenne, près de 20 millions d’entrées.
- Sur l’année 2024, également 46 films auraient pu totaliser 26 millions d’entrées.
- Enfin, sur l’année 2025 en cours, ces films représentent déjà, pour l’heure, plus de 23,5 millions d’entrées, toujours « au regard de la performance moyenne de leurs réalisateurs en salles en France avant Covid ».
Traduite en recettes salles, – en tenant compte des prix moyens du ticket sur les années 2022, 2023 et 2024 –, la diffusion de ces films sur les plateformes a fait perdre respectivement, 276 M€, 147 M€ et 193M €. « En appliquant le prix moyen France 2024 (7,42€) aux résultats du box-office moyen des réalisateurs qui sont sortis directement sur les plateformes depuis le début de l’année 2025, 175 M€ ont échappé aux acteurs économiques liés à la diffusion cinématographique en salles. » Un constat chiffré qui, « même s’il mériterait d’être affiné, pourrait alimenter des débats sur le partage de la valeur et sur la nécessité de valoriser cette perte de valeur au sein des obligations des contributeurs à la diversité culturelle française voire d’augmenter ces obligations pour une meilleure redistribution directe ou indirecte au profit du secteur de la diffusion cinématographique française en salles de cinéma », concluent les experts de Ciné Conseil.


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