Congrès FNCF 2025 : Grande vs petite exploitation ? « Ne pas se tromper de combat » 

De gauche à droite : Jean Villa (président du Syndicat des cinémas de proximité et directeur général de Véo Cinémas), Marie Vassort (coordinatrice du Syndicat des cinémas de proximité ) et Rafael Maestro (administrateur du Syndicat des cinémas de proximité, président de la branche “petite exploitation” de la FNCF et directeur de l'association Ciné passion en Périgord), Deauville, septembre 2025 © A.Algan/Boxoffice Pro

Les représentants du Syndicat des cinémas de proximité ont rejoint le 80e Congrès de la Fédération nationale des cinémas français, qui a démarré le 22 septembre à Deauville, avec en main une étude inédite visant à « objectiver » la concurrence entre la petite et la grande exploitation.

[Mis à jour le 23 septembre avec l’étude détaillée menée par Hexacom pour le SCP]

« L’idée est d’apporter notre pierre à l’édifice, avec des données objectives qui vont nous permettre de dépasser les postures », explique Rafael Maestro, administrateur du récemment rebaptisé Syndicat des cinémas de proximité, et par ailleurs président de la branche petite exploitation de la FNCF. Les données qui ressortent de cette étude, réalisée par le cabinet Hexacom, sur l’évolution de la fréquentation dans 35 agglomérations de plus de 200 000 habitants (hors Paris), présentant « des situations de concurrence entre différentes typologies d’exploitation », ont déjà été transmises à la direction du Cinéma du CNC, et un résumé des résultats présenté à sa commission de concertation distributeurs/exploitants. De fait, elles seront également au centre des échanges des réunions de branche prévues ce mardi matin au Congrès…

Accès aux films : un enjeu stratégique

En résumé, « l’étude démontre que la petite exploitation n’a aucun impact négatif sur les grands établissements. Au contraire, elle apporte des spectateurs supplémentaires, attachés à leur salle de proximité… et qui de toute façon n’iraient pas ailleurs », souligne Jean Villa, qui préside le Syndicat. Au cœur des inquiétudes des représentants des cinémas de proximité, il y a la réflexion en cours sur une éventuelle nouvelle « régulation de l’accès aux films » – sachant que, dans l’ensemble, la fin des VPF permet aux cinémas de la petite exploitation d’accéder aux copies dès la troisième semaine. Et ceci, d’autant plus qu’aujourd’hui, « le marketing des sorties par les distributeurs a changé : un film doit exister partout au même moment. Imaginer revenir aux pratiques du VPF serait une erreur de lecture de l’époque, et reviendrait finalement à couper l’herbe sous le pied des films dont la carrière se joue sur une temporalité plus restreinte ». 

Tarifs : un « faux-procès » ?

Dans ce contexte, le président du Syndicat des cinémas de proximité réfute « le discours qui consiste à dire que les gros établissements devraient avoir les films plus vite que les petits, parce que ces derniers, par leur politique tarifaire, ne “rapportent” pas assez ». Rafael Maestro rappelle de son côté que non seulement « les distributeurs prennent déjà en considération la politique tarifaire au moment de leur programmation », mais aussi que la moyenne des tarifs observés tient compte de celui appliqué sur les dispositifs scolaires (2,80 € par ticket), qui peuvent représenter « 20 à 25 % des entrées de la petite exploitation ». Le tout, sachant que « la capacité des petites salles de négocier une baisse du taux de location est quasi nulle », ajoute Jean Villa. « Il faut faire confiance aux salles, à leurs choix de tarifs acceptables par leurs spectateurs, et nos entrées à 5-6 euros, c’est du plus pour toute la filière. » 

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Une voix à faire entendre, mais une unité à préserver 

Soucieux de faire valoir « la réalité des petites salles et leurs grandes difficultés actuelles », les représentants du Syndicat des cinémas de proximité comptent donc s’appuyer sur les résultats de l’étude à laquelle ils ont consacré d’importants moyens financiers. « Il y a urgence : beaucoup de salles sont en situation de survie, insiste Rafael Maestro. Notre propos n’est pas de défendre une catégorie contre une autre. Nous rappelons simplement que la petite exploitation enrichit la filière, qu’elle est un point d’entrée au cinéma essentiel pour des millions de spectateurs, et qu’elle n’est pas responsable des difficultés actuelles des grands circuits. »
Le rapport qu’ils entendent partager avec leurs collègues et autres interlocuteurs du secteur n’a pas vocation à cliver, mais à nourrir le débat de manière constructive. « Ne nous trompons pas de combat. Les vrais concurrents du cinéma en salles s’appellent Netflix, Amazon… ou la tentation de rester chez soi. Si la filière veut se renforcer, elle doit s’adapter collectivement – et non pas au détriment des plus fragiles », conclut Jean Villa.

De gauche à droite : Jean Villa (président du Syndicat des cinémas de proximité et directeur général de Véo Cinémas), Marie Vassort (coordinatrice du Syndicat des cinémas de proximité ) et Rafael Maestro (administrateur du Syndicat des cinémas de proximité, président de la branche “petite exploitation” de la FNCF et directeur de l'association Ciné passion en Périgord), Deauville, septembre 2025 © A.Algan/Boxoffice Pro

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